Lecture : Saturnin

Parmi la littérature tchèque, c’est loin d’être l’une des œuvres les plusaturnins connues. En revanche, Saturnin témoigne parfaitement du burlesque tchèque, tel qu’on peut le trouver notamment dans Le brave soldat Chveïk. L’humour par l’absurde, marque déposée en République tchèque, trouve son cocon dans ce récit léger. Le narrateur, un aristocrate trentenaire vit seul, à Prague, au début du XXe siècle. Il recrute un domestique nommé Saturnin, dont l’extravagance l’étonne et l’amuse. En effet, loin d’être le domestique effacé que l’on peut trouver çà et là, Saturnin a une forte personnalité et justifie tous les moyens pour atteindre son but, quitte à choquer certains des aristocrates qu’il côtoie. Son maître, quant à lui, s’amuse de ce domestique loyal mais pas toujours honnête, et profite de ses services pour parvenir à séduire Barbara, ravissante demoiselle rencontrée au club de tennis de la ville.

L’histoire est légère et détonne rapidement avec les classiques tchèques. Le scénario multiplie des situations plus absurdes les unes que les autres, a la manière d’une comédie au cinéma. Le rythme est soutenu, empêchant le lecteur de reprendre son souffle et l’emmenant vers un nouveau rire. Les personnages hauts en couleurs et les phrases sans cesse rallongées par des virgules donnent de faux airs de Petit Nicolas à Saturnin, et l’on ne s’étonne pas en apprenant que le livre a été adapté au cinéma, tant chaque scène est décrite avec réalisme.